
DANE MANCINI - « The Simpliest is the best »
Par Typhaine Deraison, Photographies portrait : Brian Ravaux / Tattoo : Dane Mancini

N'ayant jamais étudié l'art, Dane Mancini aka Dane Soos, a appris sur le tas. A 17 ans, punk rocker dans l'âme, il trainait avec : «...tu sais ! Ce genre de personne avec qui ta mère ne veut pas te voir sortir », affirme-t-il. Originaire de Trieste, il observe quelqu'un se faire tatouer en 1997 puis, se met lui aussi à l'encre et réalise qu'il est là où il doit être : « J'aimais vraiment ce milieu qui regroupait les gens que j'adorais et la musique que j'aimais , dit-il, j'ai ressenti que j'étais fait pour le tatouage ». Mais il se passera quelques aventures avant que Dane devienne le tatoueur au traditionnel à l'empreinte sombre et solide qu'on connait !
Tu as une bonne dizaine d'années tattoo derrière toi, comment as-tu sauté le pas ?
Après quelques années j'ai compris qu'il y avait un autre genre de tatouage. Car j'avais vraiment de très mauvais tatouages sur moi ! J'ai réalisé qu'il y avait d'autres personnes et j'ai commencé à m'ouvrir à eux. Je me suis fait tatouer par Crez à Venise. Quand j'ai fais mon premier tatouage avec lui, j'étais curieux par tout ce qui se passait, les nouvelles influences et les techniques et je posais toutes sortes de questions : « pourquoi tu fais comme ça ? Pourquoi tu utilises ça... ». Il a fini par me dire : « mais pourquoi tu ne le fais pas ? Pourquoi ne commences-tu pas à tatouer ? ». Il m'a donné quelques conseils et quand je suis retourné chez moi j'ai appelé mes amis et j'ai commencé à scratcher. J'ai acheté ma première machine à la fin de l'année 2000...Mais j'ai fait des tatouages pourris pendant quelques années. J'étais toujours un « punk kid », je n'étais pas bon, mais je me disais « peu importe ». Je considérais le tatouage comme un jeu.



Qu'est-ce qui a fait que tout ça a finalement évolué ?
Après quelques années j'ai voulu m'impliquer un peu plus dans le tatouage, mais je ne savais pas dessiner. J'ai passé des coups de téléphone un peu partout et j'ai trouvé ce shop saisonnier, près de la plage. La première chose qu'on m'a dite en arrivant là-bas c'était « ok tu n'as pas à dessiner , tu t'assoies là et si quelqu'un veut ça, tu lui fais à cet endroit-là». Finalement, j'ai appris à travailler vite et tenté d'être le plus propre possible. Je m'étais fait pas mal d'argent et j'avais de quoi ne pas travailler pendant au moins un an ! Je voulais faire des expériences et j'ai rencontré un gars à Rimini mais originaire de Rome. On est devenu amis mais il n'était pas vraiment tatoueur, il se faisait tatouer dans un shop en particulier qu'il m'a incité à aller le voir. Je voulais voir ça de près alors j'ai appelé le fameux shop, en disant que je connaissais ce type. Ils m'ont dit : « ok tu sais quoi, tu peux venir travailler cet été ! ». Une fois là-bas, les gars me poussaient à ouvrir mon propre shop en disant que je devais prendre des risques !
Sergio de Rockshop tattoo m'a donc poussé à ouvrir mon shop. Une fois de plus quand je suis retourné à Trieste, je n'avais pas besoin de travailler...je ne savais pas ce que je faisais et rien de la façon d'ouvrir un shop ! Il y avait un paquet de shop tattoo à Trieste à l'époque, du genre une quinzaine. C'est assez difficile d'ouvrir un shop, la bureaucratie, les lois, mais si tu as de l'argent : ça va. On est italiens tu sais... on est un peu « sournois». Quand j'ai fini par ouvrir le shop j'ai réalisé que c'était vraiment utile d'avoir un endroit où travailler.


Tu considères que tu as atteint ton but ?
Oui, mais ce qui me plait, c'est de voyager. J'ai commencé à bouger de plus en plus. Maintenant au shop on est deux tatoueurs, un manager et un apprenti, Darko. On est tous amis … ça fait 12 ans que j'ai ouvert Inkamatic , et j'apprends toujours !
Penses-tu qu'il y a une spécificité au style traditionnel italien ?
Quand j'étais plus jeune et que j'étais plus dans le traditionnel il y avait une école italienne old school avec Heinz, Miss Arianna, avec des gars comme Stizzo, avec un travail très solide. Maintenant je suis un peu plus dans le style « français », ça donne quelque chose de plus obscur, de moins propre et moins classique.
Tu t'essaies à d'autres genres ?
Tout ce qui est fait de lignes simples, c'est le genre de tatouage que j'aime. Je pense que : « the simpliest is the best » - le plus simple est le mieux. J'adore le style graphique, qui garde une palette de couleurs à son minimum avec juste quelques touches choisies, j'aime les symboles, car ils parlent d'eux-mêmes. Quand tu veux dire quelque chose il suffit de tu créer un symbole et de le faire parler car chaque symbole que que tu utilises n'est pas une figure en lui-même et ce que tu en fais et comment tu le modifies, fait qu'il te parle beaucoup plus à toi-même.


Tu as ce genre de tattoo ?
Oui, celui-ci par Pedro Soos (Lisbonne, Portugal), Soos – secret order of saturn. C'est un groupe secret que l'on forme, c'est une sorte de crew que l'on retrouve partout dans le monde, mais ce n'est plus si secret depuis un moment mais on est juste un groupe de tatoueurs qui aimons ce qu'on fait et on essaie de faire des conventions et de se voir, tous plus ou moins on fait le même genre de tatouage, en revisitant le style traditionnel. On se tatoue les uns les autres, et on essaie de s'échanger les guests.
Qu'est ce qui t'inspire tous les jours à tatouer ?
Tout ! Des livres à la musique, on écoute tous de la musique au shop pendant qu'on tatoue et d'ailleurs le manager au shop est chanteur dans un groupe grindcore qui s'appelle The Secret.
Tu as dis que tu adorais voyager, c'est encore le cas aujourd'hui ?
Au final, j'essaie de faire au minimum un guest d'une semaine par mois, au maximum deux. Les conventions, maintenant j'en fais moins. J'ai changé un peu mes priorités ces dernières années, j'ai arrêté de boire et de faire de la merde, j'ai eu des années horribles, donc j'ai fait une sorte d'année sabbatique car je voulais faire un point sur ma vie, je devais me retrouver. Ces dernières années ont été assez dures pour moi. Je continue à aimer le tatouage mais je le fait d'une autre façon. Le tatouage est tellement important pour moi que si je devais tout recommencer, je le ferai.
Quel est ton dernier tattoo ?
Un ami à moi – Andrea Mallus, m'a fait cette grenouille avec un ying-yang orange, il n'y a pas longtemps, il fait pas mal de ces trucs fun.
www.danemancini.com
Instagram: dane_soos










